Les applis, nouveaux outils pour la science et la conservation
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Les téléphones intelligents, les applications et les nouvelles technologies en ligne révolutionnent le rôle des citoyens dans la science active, rendant les efforts de conservation plus accessibles que jamais. Voici un aperçu des initiatives des partenaires d’Age of Union, tels que Conservation de la nature Canada et la Save Estuary Land Society, qui mobilisent ces outils pour susciter des changements positifs.
Sujets
« L’application s’appelle Carapace, explique Annie Ferland, chargée de projet pour Conservation de la nature Canada (CNC). Carapace nous aide à recueillir des informations sur la présence de tortues sur l’ensemble du territoire ».
Il fait un temps magnifique ce samedi matin à Montréal. Une lumière éclatante baigne un ciel bleu sans nuage. Le soleil est aussi radieux que le sourire des dix bénévoles accueillis dans une rue résidentielle tranquille. L’endroit a été tenu secret jusqu’à la dernière minute, car, même ici, CNC doit se méfier des braconniers.
« Vous devriez utiliser Carapace chaque fois que vous voyez une tortue », précise Simon Boudreault, technicien en conservation des tortues de CNC, au moment même où une tortue se fraye un chemin par hasard autour du groupe
Sauver la planète une image à la fois
Carapace, pour « carapace de tortue », est un nom approprié pour un outil de science citoyenne spécialement conçu pour protéger les tortues de l’activité humaine.
La science citoyenne est une approche collaborative de la recherche scientifique qui implique la participation du grand public à la collecte et à l’analyse des données, ainsi qu’à la résolution des problèmes. Elle permet aux individus de contribuer à des projets scientifiques, en élargissant leur portée et leur efficacité. Dans le cas de la biodiversité, la science citoyenne permet à toute personne d’observer, de documenter et de surveiller diverses espèces et écosystèmes, fournissant ainsi des données précieuses aux chercheurs et aux défenseurs de l’environnement. « Vous n’avez besoin que de votre téléphone intelligent ou de votre appareil photo », ajoute Annie Ferland, chargée de projet de Conservation de la nature Canada (CNC) pour la région de Montréal et des Basses-Laurentides. Fort d’une promesse de don de 3 millions de dollars de la part d’Age of Union, l’organisme travaille à la protection et à la restauration d’habitats naturels clés le long de la rivière par le biais de projets de restauration et d’initiatives telles que Carapace.
Annie Ferland explique qu’en prenant une photo et en l’envoyant avec ses données de géolocalisation, tout randonneur ou amoureux de la nature peut agir sur place en utilisant l’application iNaturalist ou, plus tard, le site web.
« Je reçois un courriel avec la photo et un point sur la carte, poursuit-elle. Nous pouvons alors confirmer l’espèce, ce qu’elle fait, etc. Nous pouvons obtenir beaucoup d’informations à partir d’une seule photo. »
Une fois les informations disponibles, les données passent au premier rang en apportant des réponses précieuses à une multitude de questions. Combien d’observations ont été signalées? Où se sont-elles produites? Existe-t-il des sites de nidification critiques qui nécessitent une attention particulière? L’objectif est de déterminer le meilleur plan d’action pour la protection en examinant les tendances et en faisant la lumière sur l’augmentation ou la diminution des signalements.
« La différence est substantielle, qu’il s’agisse d’un étudiant ou d’une centaine de personnes qui signalent des observations », explique Simon Boudreault.
Annie et Simon font le point avec les bénévoles sur l’opération d’aujourd’hui. Il faut contrôler la propagation du nerprun cathartique, une espèce exotique envahissante, dans la zone de nidification des tortues qui se trouve à proximité. À cette époque de l’année, il est fort probable que l’on tombe sur un reptile.
« Je ne savais même pas qu’il y avait des tortues à Montréal, confie Katarina Rieder, une bénévole. Je voulais aider. »
« Je suis venue ici pour les tortues », ajoute Nour Habib, qui donne également de son temps.
La science peut-elle avoir trop de données?
À l’autre bout du pays, Denise Foster, présidente de la Save Estuary Land Society à French Creek, en Colombie-Britannique, gère un autre projet parrainé par Age of Union dans une situation géographique différente. Situé face aux Rocheuses et au continent, le littoral oriental de l’île de Vancouver baigne dans les eaux salées du détroit de Géorgie.
« Notre formulaire comportait une section “commentaires” et l’enthousiasme des volontaires a donné lieu à des paragraphes entiers d’informations, raconte Denise. Il y a beaucoup de choses à traiter. »
La configuration technologique est également très différente de celle de CNC, mais l’apport de la science citoyenne reste tout aussi essentiel.
« Nous avons créé un formulaire en ligne, explique-t-elle. Il suit le protocole [scientifique] pour rapporter et documenter les informations sur les pygargues à tête blanche et les grands hérons. »
Depuis le début de l’année, les amateurs d’oiseaux de la région se sont inscrits pour aider à surveiller l’emplacement des nids et les comportements des oiseaux. La phase 1 du projet s’est déroulée au cours de l’hiver et la phase 2 est maintenant en pleine expansion.
« Les pygargues à tête blanche et les grands hérons pondent des œufs et les oisillons éclosent, dit Diane Foster. C’est vraiment une période formidable pour les scientifiques citoyens. »
Les données recueillies sont traitées par l’équipe spécialisée de l’université de l’île de Vancouver, après quoi elles sont téléversées sur les bases de données utilisées par les agences gouvernementales. Il s’agit d’une étape essentielle du processus qui implique le repérage des nids et peut potentiellement déboucher sur une protection de la zone en vertu des lois de la province canadienne.
« Nous avons de nombreux projets en cours qui s’appuient sur la science citoyenne, ajoute Foster. Des études sur les insectes, les chauves-souris, les papillons, et ainsi de suite. »
Le temps des citoyens, c’est de l’argent
Les gouvernements, les organisations non gouvernementales (ONG) et les scientifiques auraient bien du mal à recueillir une telle quantité de données à un coût aussi minime. En impliquant un plus grand nombre de personnes dans le processus, les efforts de conservation gagnent une armée d’ambassadeurs qui diffusent le message à grande échelle.
« La science citoyenne peut fonctionner à une échelle qui serait normalement inabordable pour les fonds scientifiques limités dont disposent les écologistes, déclare Adrian Forsyth, écologiste tropical et conseiller stratégique de la Andes Amazon Fund, basée à Washington, D.C. Elle est capitale pour inciter le public à comprendre l’état de la Terre. »
«C’est là qu’on agit, remarque Mariette Raina, coordinatrice des projets d’Age of Union. Ces applications nous permettent d’avoir une incidence en documentant tout simplement ce que nous voyons autour de nous. »
De retour à Montréal, Annie Ferland de CNC abonde dans le même sens : « Les gens sont parfois fatalistes, pensant qu’il n’y a rien à faire, mais il est possible d’avoir un impact positif sur la nature en changeant ses habitudes. »
Saisir son smartphone et documenter ce qui nous entoure est un moyen facile, et les scientifiques et les biologistes vous en seront reconnaissants.
La révolution de la science citoyenne a déjà commencé et ce n’est qu’un début.
Crédits
Photo de couverture : Deborah Freeman
Photos 1, 2 et 3 : Jean-Philip Rousseau
Photo 4 : Mike Yip
Photo 5 : Deborah Freeman
Photo 6 : Mike Yip
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