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Les efforts d’un communauté au cœur d’un paysage canadien emblématique pour protéger un estuaire menacé

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Au cœur de l’est de l’île de Vancouver, les membres d’une communauté ont uni leurs efforts pour défendre et restaurer un estuaire menacé, mettant ainsi en évidence l’incidence tangible de l’action locale.

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Blottie dans le paysage canadien, la partie orientale de l’île de Vancouver est un lieu d’une grande beauté naturelle, mais qui fait l’objet d’inquiétudes croissantes. En effet, elle a été définie comme l’une des neuf régions les plus vulnérables du Canada, abritant une plus grande biodiversité que les autres régions de la Colombie-Britannique (C.-B.).

Le paysage est à couper le souffle, entre les pentes de la chaîne de montagnes de l’île de Vancouver à l’est, les luxuriantes forêts côtières de sapins de Douglas et de pruches de l’Ouest et un réseau d’estuaires revêtant une importance écologique cruciale qui s’étendent jusqu’à la mer des Salish.

Dans ces écosystèmes uniques, une myriade d’espèces de plantes, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et d’insectes ont trouvé un foyer — une mosaïque vivante qui se dénombre par milliers. Toutefois, cette abondance s’accompagne d’une liste de plus en plus longue d’espèces en voie de disparition. Si les changements climatiques et les bouleversements de l’environnement exercent une influence, c’est l’activité humaine et l’empiètement sur les habitats qui sont les moteurs du déclin de ces havres de paix vitaux pour la faune et la flore de l’île de Vancouver.

Nichée entre Parksville et Qualicum Beach, la réserve naturelle de l’estuaire de French Creek (FCENP) est un parfait exemple de l’équilibre délicat à trouver entre les défis et les possibilités. Bien que relativement petit, ce joyau estuarien regorge de diversité biologique et constitue un havre de paix où les plantes et la faune indigènes peuvent s’épanouir naturellement. C’est une aire d’alimentation cruciale pour 35000 à 50000 pygargues à tête blanche qui migrent chaque année de l’Alaska vers le sud de la Colombie-Britannique. Le site abrite également une forte population d’aigles résidents qui construisent avec diligence des nids pour y élever leurs petits.

Aujourd’hui, la menace du développement humain pèse sur ces habitats vitaux. L’espace disponible pour les espèces qui dépendent de ces écosystèmes ne cesse de se réduire, mettant en péril leur survie et la biodiversité de la région. Avant même sa transformation en réserve naturelle, 18 acres de l’estuaire de French Creek étaient menacés. L’exploitation de ces terres aurait des conséquences dévastatrices pour la faune et la flore qui y vivent.

Face à cet enjeu pressant, les membres de la communauté locale se sont mobilisés. La Friends of French Creek Conservation Society (FFCCS) a été créée en 2004 dans le but de sauvegarder l’estuaire de French Creek. Les efforts inébranlables des membres de la FFCCS ont joué un rôle moteur dans la protection de l’intégrité de l’estuaire. Plus tard, en 2018, la Save Estuary Land Society (SELS) a pris le relais en lançant des campagnes de sensibilisation communautaire pour faire connaitre l’importance écologique de l’estuaire et la menace imminente du développement.

En 2020, un groupe de collecte de fonds a été créé pour rassembler les dons en vue de l’acquisition des terres. L’engagement soutenu de la SELS, de la FFCCS et d’autres groupes communautaires a finalement convergé avec les efforts de la BC Parks Foundation, qui a lancé une campagne de financement participatif visant à acheter le terrain de l’estuaire et à en faire une réserve naturelle.

Des contributions notables ont étayé cette initiative : French Creek House ltd a fait don de plus de 3 millions de dollars en valeur foncière, Dax Dasilva, fondateur d’Age of Union, a versé 1 million de dollars et le district régional de Nanaimo a contribué à hauteur de 400000 dollars tout en assumant des responsabilités en matière de gestion foncière.

Au cours des dix semaines qui ont suivi, une campagne menée par la communauté pour recueillir les 300000 dollars nécessaires a mis en place une série de collectes de fonds, notamment des événements organisés par des brasseries locales, des initiatives de clubs de cyclisme et de randonnée, une collecte de bouteilles, un concours de photos, des courriels diffusés, des dépliants, des affiches, un battage médiatique sur les réseaux sociaux et des reportages dans les médias. Parallèlement à des présentations aux associations et organisations locales, à des visites guidées à pied et à des projections vidéo, ces efforts ont déclenché une vague de dons de la part de membres de la communauté de tous âges et de tous horizons, y compris des contributions spéciales en l’honneur de proches décédés.

Participants à la sortie de NatureKids BC Oceanside dans le parc de French Creek en septembre 2022.

Cette histoire est plus qu’un simple exemple de défense d’un écosystème délicat; elle témoigne de la force des communautés qui s’unissent pour défendre la nature. 

Au fil des ans, des générations de défenseurs se sont mobilisées pour préserver l’essence écologique de ce qui est aujourd’hui la réserve naturelle de l’estuaire du ruisseau French. Cet effort collectif a permis de rassembler plus de 5 millions de dollars en fonds et en appui non financier et d’obtenir 18 acres de terres estuariennes pour agrandir les cinq acres de parc communautaire existants, donnant lieu à la création d’une réserve naturelle.

Même si une étape importante a été franchie, la tâche est loin d’être terminée. La BC Parks Foundation et le district régional de Nanaimo sont désormais copropriétaires du FCENP, après avoir conclu un contrat de bail renouvelable de 99 ans. L’élaboration d’un plan de gestion décennal est en cours; il servira de boussole pour les efforts de restauration et les stratégies à long terme visant à préserver les valeurs environnementales, l’importance culturelle et l’essence naturelle de la réserve. Un groupe de travail collaboratif composé de représentants des Arrowsmith Naturalists, de la Friends of French Creek Conservation Society, de la Mid-Vancouver Island Habitat Enhancement Society, du Mount Arrowsmith Biosphere Region Research Institute, de la Save Estuary Land Society et du district régional de Nanaimo contribue avec diligence à sa formulation.

Entre-temps, des scientifiques citoyens mènent plusieurs initiatives dans la réserve afin de recueillir des données et de jeter les bases des efforts de restauration futurs. Dans le cadre de l’une de ces initiatives, des équipes de bénévoles se réunissent tous les dimanches et mercredis après-midi, de mai à septembre 2023, pour mener des inventaires de papillons conformément aux protocoles et à la formation dispensés par le Dr Scott Gilmore. Jusqu’à présent, 26 inventaires ont été menés par des bénévoles et ont donné lieu à des découvertes remarquables. Si la piéride marginée (Pieris marginalis) a fait une apparition inattendue, la présence de l’hespérie rurale (Euphyes vestris) a été le moment le plus fort de l’inventaire, étant une espèce menacée inscrite à la Loi sur les espèces en péril (LEP) qui figure également sur la liste bleue de la Colombie-Britannique.

Victoria Beresford, participante enthousiaste au projet, se souvient avec émotion du dimanche 18 juin, l’après-midi ensoleillé au cours duquel l’équipe s’est rassemblée à l’estuaire de French Creek. Elle raconte l’émotion que lui a procurée l’observation de diverses espèces de papillons connues et inconnues, et l’aventure qu’elle a immortalisée à l’aide de son iPhone. À travers l’objectif, les mystères de ces petits êtres se sont peu à peu révélés et le Dr Gilmore a su identifier ces petits trésors.

«Nous avons observé un petit papillon de nuit, une hespérie des graminées et une hespérie rurale. Ce que nous n’avions pas réalisé à ce moment-là, c’est que l’hespérie rurale était en fait une découverte rare et donc plutôt remarquable!» relate Victoria Beresford.

Le sens de communauté qui s’est développé et les alliances qui ont vu le jour au cours de ce périple vont s’inscrire dans la durée. Cette histoire n’est que le premier chapitre d’une mission de restauration écologique, de recherche, de surveillance et de gestion. Des dons généreux ont apporté l’espoir et la promesse d’une biodiversité florissante à la réserve naturelle de l’estuaire de French Creek. 

Au fil des saisons, cet effort commun écrira les prochains chapitres de l’histoire de la gestion et de la préservation de ce formidable sanctuaire naturel.

Crédits

Contributions from Denise Foster, Lynne Brookes, and Barb Riordan

Photos 3 & 4: Randy Findlay

Photo 5: Deborah Freeman

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