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Les incendies de forêt au Québec démontrent l’urgence de la protection environnementale

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Mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles est une mesure de sécurité contre les incendies, tout comme investir dans les efforts de conservation.

 

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Les feux de forêt qui ravagent présentement la forêt boréale du Québec ont fait les manchettes internationales après que des vents exceptionnels ont poussé la fumée des incendies vers le sud, enfumant les grandes régions métropolitaines du Canada et des États-Unis. 

Les scènes «avant et après» et les projections accélérées de la chape de brume semblent tirées d’un film apocalyptique — une métaphore funeste, mais à propos.

Les incendies ont brûlé près d’un demi-million d’hectares de forêt, ce qui correspond à environ 300 fois le bilan moyen à ce stade de la saison. On estime que 110 incendies font toujours rage, dont 39 considérés comme hors de contrôle malgré les efforts de lutte contre les incendies déployés à grande échelle par des équipes venues notamment d’Afrique du Sud, d’Australie et de Nouvelle-Zélande.

 

La couverture médiatique a surtout porté sur le rôle du dérèglement climatique dans la propagation de ces incendies extraordinaires. Les températures record des semaines précédant les incendies conjuguées à des précipitations plus faibles que d’habitude ont créé une sécheresse omniprésente dans le sol et les sous-bois. Lorsqu’une série d’orages est survenue et a projeté des éclairs sur le sol et les arbres, les conditions étaient optimales pour un embrasement instantané.

Ces incendies sonnent une nouvelle fois l’alarme et rappellent que les pays doivent rapidement éliminer les combustibles fossiles qui réchauffent la planète. Avec des hausses de température dépassant 1,5 °C au cours de la décennie à venir, les incendies de forêt ne feront que s’intensifier et prendre de l’ampleur. Cette catastrophe met également en lumière une autre crise tout aussi urgente à laquelle il faut faire face : la perte d’habitat et de biodiversité.

Le Québec possède la deuxième plus grande industrie d’exportation de bois au Canada, derrière la Colombie-Britannique. Malgré les revendications de longue date des groupes environnementaux en faveur de la protection de l’environnement, le gouvernement du Québec a régulièrement accordé des concessions d’exploitation forestière à des sociétés forestières, ce qui a accéléré la réduction des forêts anciennes et la dégradation de la faune et de la flore. Même les zones théoriquement «protégées» sont souvent la cible de l’exploitation forestière. En fait, on juge que les entreprises pratiquent une exploitation forestière durable si elles dégradent moins de 75 % d’une zone au cours de leurs projets.

L’exploitation forestière dégrade les forêts de plusieurs façons. Pour établir une exploitation, les entreprises doivent d’abord construire des routes pour transporter le personnel, les machines et le bois. La construction de ces routes implique la coupe à blanc de grandes parties de la forêt, ce qui pollue le sol, l’air et l’eau, fragmente les habitats et blesse ou tue directement la faune et la flore. De plus, la plupart des chemins forestiers au Québec sont mal entretenus et causent des dommages à long terme aux écosystèmes aquatiques.

L’abattage d’arbres à l’échelle industrielle est extrêmement violent pour les forêts, car il prive les plantes, les animaux, les champignons et d’autres organismes de piliers écologiques essentiels et perturbe de délicats réseaux alimentaires. L’exploitation forestière intensive fragilise les zones touchées par les incendies de forêt en remplaçant les arbres anciens qui freinent et repoussent l’avancée des flammes par de jeunes arbres qui font office de bois d’allumage.

À mesure que le dérèglement climatique perturbe le régime des pluies et provoque des chaleurs extrêmes, les effets négatifs de l’exploitation forestière se multiplient et rendent le Canada plus vulnérable aux incendies qui se déclarent plus tôt dans la saison, détruisent des zones plus étendues et durent plus longtemps.

Dans un tel contexte, le Québec doit veiller à ce que les zones prévues pour la conservation bénéficient d’une protection solide contre le développement industriel et l’exploitation forestière. Le gouvernement, le secteur privé et les organisations à but non lucratif doivent également soutenir et intensifier les efforts de conservation positifs qui sont en cours.

Age of Union a de nombreux projets dans le monde entier pour la protection des forêts, y compris un partenariat au Québec avec l’Institut Kenauk et Conservation de la nature Canada (CNC) pour créer la plus grande forêt de recherche tempérée au monde consacrée à l’étude des changements climatiques et au maintien de la biodiversité au cours du siècle à venir.

CNC travaille à la protection et à la restauration de 15 millions d’hectares de forêt au Québec et a récemment acquis 200 hectares de forêt autour des monts Sutton. 

Un programme récent visant à financer les efforts déployés par des Autochtones pour superviser les zones protégées pourrait servir de modèle pour l’avenir. Au Québec, le gouvernement fédéral finance un plan élaboré par les Cris pour protéger les cours d’eau, les populations animales et les forêts anciennes.

Atteindre les objectifs de conservation actuels d’ici le milieu du siècle nécessitera des milliards de dollars de financement. Cependant, les incendies qui ravagent le Québec soulignent avec force l’urgence de combattre les changements climatiques et la perte de biodiversité. En mobilisant les efforts mondiaux, en investissant dans des solutions durables et en encourageant la collaboration internationale, nous pouvons relever ces défis et paver la voie d’un avenir durable.

Crédits

Mohsin Kazimi pour Junglekeepers

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