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Voyez comment trois initiatives sauvegardent la forêt amazonienne

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Découvrez la beauté et les merveilles de la région de Madre de Dios à travers le regard de Paul Rosolie. Dans ce nouvel article, le fondateur et directeur des opérations de Junglekeepers nous fait découvrir trois partenariats entre l’organisation et les communautés locales et autochtones.

Auteur

Paul Rosolie

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J’ai récemment remarqué que lorsque nous entendons parler de la forêt amazonienne, nous sommes le plus souvent exposés à des informations sur sa destruction : des statistiques sur les incendies, les mines d’or, les espèces en voie de disparition; des pertes de toutes sortes. Cependant, l’un des aspects les plus passionnants et les plus gratifiants du travail en Amazonie (et de la conservation en général, à une époque comme la nôtre) est de faire connaissance avec les personnes incroyables qui travaillent jour et nuit pour aider à protéger, préserver, nourrir et restaurer le monde naturel ainsi que ses espèces, son habitat et sa culture.

Junglekeepers axe son travail sur la rivière Las Piedras dans la région de Madre de Dios au Pérou, un bassin versant situé entre plusieurs parcs nationaux célèbres, des réserves autochtones et d’autres zones protégées désignées. La rivière Las Piedras n’est toujours pas protégée, mais lorsque Junglekeepers a commencé à collaborer avec Age of Union, l’équipe a tenu à mettre en place un programme de gardes forestiers pour lutter contre les invasions, étudier la flore et la faune locales et faire de la région l’incroyable corridor de conservation qu’elle a le potentiel d’être.

En misant sur des initiatives existantes menées par la communauté, Junglekeepers et Age of Union peuvent apporter un soutien financier et tactique crucial aux projets qui en ont besoin et contribuer à promouvoir leurs activités capitales. À la longue, on se désole de voir des projets incroyables menés par des personnes extraordinaires et dévouées partout dans le monde qui ne reçoivent pas l’attention ou le soutien qu’ils méritent. C’est précisément la raison pour laquelle Age of Union et Junglekeepers ont mis au point un programme-cadre qui rassemble les plus grands talents pour lutter en faveur d’un avenir meilleur. Voici les trois sous-projets qui, je suis fier de le dire, bénéficient d’un soutien dans le cadre du programme-cadre :

Singe hurleur à Amazon Shelter.

1. Amazon Shelter

Amazon Shelter est une initiative dédiée à la protection des animaux blessés et orphelins de la forêt amazonienne. L’exploitation forestière, les mines d’or et l’expansion rapide des routes traversent la région et des milliers d’animaux sont tués et déplacés chaque jour. Tout le monde sait qu’il s’agit d’une tragédie, mais une seule personne a consacré sa vie à y remédier : je vous présente Magali Salinas.

J’ai rencontré Magali pour la première fois il y a plus de dix ans lorsque j’amenais des étudiants et à des touristes à Amazon Shelter. Cette visite leur permettait d’en savoir plus sur le sort des animaux de la région et sur l’incroyable travail réalisé pour leur venir en aide. Je me souviens d’un singe hurleur dont la mère avait été tuée par balle. Grâce aux soins de Magali, ce singe, jadis orphelin et effrayé, a retrouvé la santé. Lorsqu’elle se promène dans les différents enclos, on la surprend souvent à communiquer avec les animaux, avec un singe ou un oiseau perché sur son épaule, dans ses mains ou même assis sur sa tête. Parmi les nombreuses réussites du Amazon Shelter, un tapir autrefois détenu en captivité prospère aujourd’hui dans le sanctuaire. Au fil des ans, j’ai vu Magali réhabiliter des cerfs, des martres à tête grise, des paresseux, des tapirs, des pécaris, des singes-araignées, des tamarins, des aras, et bien d’autres animaux. Sa spécialité demeure néanmoins les singes hurleurs.

Reconnaissables à leur pelage rouge acajou foncé, leur visage plein de sagesse et leur voix tonitruante et lancinante, les singes hurleurs sont une des espèces les plus étonnantes des Néotropiques. Malheureusement, les gens de la région de Madre de Dios chassent souvent ces animaux pour se nourrir. Plusieurs jeunes singes hurleurs arrivent au refuge Amazon en tant qu’orphelins, où ils sont nourris et soignés à la main. Magali l’a appris, on ne peut pas simplement relâcher ces animaux dans la nature et s’attendre à ce qu’ils survivent. Il faut plutôt mettre en place un processus de réadaptation complet, comprenant la récupération physique et l’intégration dans un groupe familial, avant d’envisager leur réintroduction dans leur habitat naturel. Ce processus complexe a fait de Magali une figure de proue dans son exécution. Son dévouement immuable envers ces animaux fait chaud au cœur. Je suis fier de savoir qu’à mesure que Junglekeepers se développe et protège de plus en plus de terres, nous pourrons donner des nouvelles de familles de singes hurleurs (et d’autres espèces) nourries, soignées et réhabilitées par Magali. Grâce à cette collaboration, nous prévoyons que des familles entières seront renaturalisées et prospéreront sur le littoral de la rivière Las Piedras.

Magali prenant soin d’un singe hurleur.

2. ARBIO

Fort d’une approche distincte, ARBIO, une organisation à but non lucratif (ONG) péruvienne, œuvre à Madre de Dios en faveur des arbres anciens. Depuis 2010, cette organisation dirigée par des femmes maintient une petite équipe de gardes forestiers dévoués à la protection de la forêt dans l’une des parties les plus menacées du bassin hydrographique de Las Piedras.

Tatiana Espinosa, ingénieure forestière avec plus de 20 ans d’expérience dans la région, joue un rôle de premier plan chez ARBIO. Elle a dédié sa vie à la protection du shihuahuaco, qui est abattu à un rythme alarmant dans la région. Grâce à ce travail, l’équipe d’ARBIO a mis en lumière la situation critique de ce pilier ancien et essentiel de la forêt. Les shihuahuacos, du nom latin Dipteryx Micrantha, ont en moyenne environ 600 ans et certains dépassent les 1324 ans. Ces remarquables arbres millénaires aux écosystèmes complexes constituent un trésor essentiel à la matrice de la vie en Amazonie. Leur perte serait irremplaçable, ce qui fait de leur protection un enjeu de la plus haute importance.

Ce qui m’a le plus frappé lors de ma première rencontre avec les membres de l’équipe d’ARBIO, c’est leur dévouement remarquable en dépit de leur taille relativement modeste en tant qu’organisation. Ils ont ancré leur mission dans un élément précis et vital de l’histoire de la région. Leur travail repose sur le constat que nous faisons face à la perte de quelque chose dont nous devons assurer la sauvegarde. Sur la rivière Las Piedras, des bûcherons descendent le cours d’eau presque quotidiennement, transportant des barges remplies de précieux shihuahuacos. Sur les chemins forestiers, on assiste à un flux constant de camions, des dizaines passant chaque jour depuis des années. Les pertes sont dévastatrices et exponentielles, mais pourraient être atténuées si le gouvernement péruvien classait l’espèce dans la catégorie des espèces menacées. Il est encourageant de voir l’équipe d’ARBIO se battre sans relâche pour ces arbres, tirant parti des médias, des photos, du matériel vidéo et des témoignages pour obtenir le soutien de la population et sauver une des plus belles espèces d’arbres de la planète avant qu’il ne soit trop tard.

 

Des gardes forestiers de Junglekeepers devant un pau ferro ancient dans la réserve ARBIO.

3. Cocinando Y Conservando

Fondé par notre cher Roy Riquelme, le président actuel de Junglekeepers, Cocinando Y Conservando est une ONG dédiée à la santé et au bien-être des gens de la région de Madre de Dios. Roy croit fermement que les âmes des Amazoniens sont intimement liées à la forêt tropicale et que les traditions culinaires comptent parmi les meilleurs moyens d’entretenir ce lien. Depuis plus d’une décennie, Roy œuvre pour encourager et promouvoir un lien à la terre, améliorer la santé et le bien-être et favoriser le développement durable. Cela implique de travailler dans certains des villages les plus reculés de la région et d’aider à restaurer les zones où la forêt tropicale a été rasée et brûlée.

Quand je vois Roy sur le terrain, entouré des dirigeants des communautés autochtones locales, l’ambiance devient festive. Il a une façon remarquable de faire lever tout le monde pour rassembler et préparer la nourriture. Les gens sont invités à laver la viande et les légumes, hacher des oignons et piler des bananes plantains. Roy arpente avec aisance l’espace cuisine, donne des instructions, enseigne, critique et trempe un doigt dans les plats pour goûter. Il rit au fur et à mesure qu’il se déplace, en disant des commentaires comme «ça manque d’ají» ou «on a mis trop de sel, ajoutons plus d’eau». Roy est un maître-chef parfaitement à l’aise dans les régions sauvages de l’Amazonie, utilisant les fruits, les baies et les produits animaux de la forêt en fusion avec des produits ménagers plus courants. Grâce à ses conseils, il n’enseigne pas seulement aux gens comment cuisiner de manière plus saine et durable, mais il crée également une culture alimentaire qui sert d’exemple à suivre.

 

Roy durant un atelier de cuisine avec les communautés autochtones locales de la région de Madre de Dios.

La pensée même de ces projets me remplit d’espoir face à l’avenir. La réintroduction d’espèces menacées et le rétablissement de primates orphelins, la protection d’anciens piliers forestiers qui servent d’habitat à des milliers de formes de vie, la création d’une culture plus saine et plus durable par le biais de la cuisine locale; ces projets essentiels bénéficient du programme-cadre de Junglekeepers, rendu possible grâce au soutien d’Age of Union. La forêt amazonienne ne symbolise plus seulement la destruction et l’urgence ; elle est devenue un témoignage des efforts déployés par des acteurs de changement inspirants qui œuvrent en faveur d’un avenir prometteur pour ce sanctuaire magnifique et sauvage.

Crédits

Mohsin Kazmi

 

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Article écrit par
Paul Rosolie

Paul Rosolie est un écologiste et auteur américain. Publiés en 2014, ses mémoires intitulés Mère de Dieu relatent son travail de conservation dans la forêt amazonienne du sud-est du Pérou.

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