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Ces acteurs du changement œuvrent pour la biodiversité et les droits des peuples autochtones au Congo

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En République démocratique du Congo, les défenseurs de l’environnement Dominique Bikaba et Kerry Bowman s’emploient à protéger la biodiversité et les droits des peuples autochtones. Le duo est le sujet de « The Corridor », le film documentaire d’Age of Union qui sera présenté à Toronto le 6 septembre.

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Dès l’âge de deux ans, Dominique Bikaba accompagnait sa grand-mère dans la forêt voisine, aujourd’hui connue sous le nom de parc national de Kahuzi-Biega. Sa grand-mère, qui l’a élevé, lui expliquait comment les peuples autochtones dépendaient des ressources de la forêt pour subvenir à leurs besoins.

« Ma vie a été nourrie par la présence de cette forêt et par le fait de m’y sentir lié depuis mon enfance », raconte Dominique Bikaba dans une entrevue accordée à Age of Union. 

Dans les années 1970, la famille de Bikaba, qui appartient à la tribu des Bashi et qui vit à la lisière de la forêt depuis des générations, a été contrainte de quitter ses terres traditionnelles pour que le gouvernement puisse créer un parc national. Ce fut le début de décennies de tensions entre les communautés locales, le gouvernement et les groupes de protection de la nature.

Le parc national de Kahuzi-Biega, aujourd’hui une zone protégée dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’étend sur plus de 600 000 hectares. Il abrite une faune abondante et variée, ainsi que l’un des derniers groupes de gorilles des plaines orientales, qui sont en danger en raison de l’augmentation du braconnage.

Face à cette problématique, Bikaba a fondé Strong Roots Congo afin de résoudre le conflit entre la direction du parc et les communautés environnantes. En tant que défenseur de l’environnement et praticien du développement durable, Bikaba cherche à concilier les besoins des êtres humains — en particulier ceux des groupes autochtones marginalisés — avec ceux des forêts et des espèces sauvages vulnérables.

En 2002, à la demande d’un ami, Bikaba a préparé un itinéraire pour le célèbre conservateur canadien Kerry Bowman, éthicien et président fondateur de la Forest Health Alliance — une organisation qui élabore des stratégies de conservation et sensibilise le public aux menaces imminentes qui pèsent sur les grands singes. Kerry Bowman se rendait en RDC pour en apprendre davantage sur les communautés locales qui perdaient leurs terres traditionnelles au profit du parc national.

« On prend de plus en plus conscience que les populations autochtones et traditionnelles du monde entier sont celles qui savent le mieux comment guérir leurs forêts », explique Kerry Bowman.

M. Bikaba est allé chercher M. Bowman à l’aéroport et a été son guide tout au long de son voyage, visitant des villages à l’intérieur de la forêt. Bowman portait un grand intérêt au travail de Strong Roots Congo, qui développe des moyens de subsistance alternatifs pour les communautés qui dépendent traditionnellement des ressources de la forêt pour leur survie.

« Lorsque j’ai rencontré Dominique, j’ai été très sensible à la profondeur de son engagement, confie Kerry Bowman. Il déployait tant d’efforts pour défendre la protection des gorilles, mais aucun soutien financier ne lui parvenait en raison de la guerre. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’associer à lui. »

Fort de cette visite réussie, M. Bowman est retourné en RDC l’année suivante et tous les ans par la suite.

Depuis les années 1990, l’est de la RDC est en proie à des conflits qui ont fait environ six millions de morts. Les visites annuelles de M. Bowman en RDC pour voir M. Bikaba et les projets de conversation ne se sont pas toujours déroulées sans heurts, les deux hommes ayant eu plusieurs confrontations avec des milices et s’étant vus menacés d’une arme à deux reprises.

«Quand les gens d’ailleurs évoquent la RDC, tout le monde a peur et pense : “Oh, la RDC, c’est dangereux. Nous ne pouvons pas y aller.” C’est dur, c’est difficile. Mais imaginez les personnes [comme Kerry Bowman] qui affrontent leurs peurs et disent : “Nous allons aller là-bas, car nous voulons rencontrer ces gens.”»

Les deux hommes, passionnés par une approche de la conservation qui respecte les droits fonciers traditionnels et la dignité des populations locales, ont collaboré de plusieurs manières depuis leur rencontre. M. Bowman est membre du conseil d’administration et conseiller de Strong Roots Congo et a mis l’organisation en contact avec des donateurs. M. Bikabe a également rendu visite à M. Bowman au Canada pour s’entretenir avec les étudiants de M. Bowman à l’université de Toronto et rencontrer des membres de la Forest Health Alliance.

Strong Roots Congo et la Forest Health Alliance collaborent avec Age of Union depuis 2020. Leur objectif est de protéger les grands singes et de favoriser la connectivité de l’habitat pour les espèces menacées en aménageant et en préservant un corridor faunique, qui fait également office de bouclier climatique.

« Préserver cette forêt, nous ne le faisons pas seulement pour les Congolais et pour nous-mêmes. Nous le faisons pour l’ensemble du continent et de la planète », conclut Dominique Bikaba.

Crédits

Photo de couverture : Ray Klonsky et Marc Lamy

Photos 1 & 2 : Ray Klonsky et Marc Lamy

Photo 3 : Matt Brunette

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