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Cette jeune leader trinidadienne ouvre la voie aux jeunes et aux femmes dans la lutte pour la conservation

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In an interview with Age of Union, Chelsea Harripaul delves into her unexpected journey into turtle conservation, the transformative role of youth and women in environmental efforts, and the power of personal passion in driving conservation success.

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En juillet 2023, avant le lancement de la série numérique « On the Frontline », Age of Union a rencontré Chelsea Harripaul, membre clé de Nature Seekers, l’un des dix projets partenaires d’Age of Union. Durant l’entretien, Chelsea a évoqué les efforts de l’organisation en matière de conservation des tortues, en mettant l’accent sur l’implication des jeunes et des femmes. Elle a également fait part de ses motivations personnelles pour promouvoir l’activisme environnemental et la sensibilisation à la conservation dans son pays natal, Trinité-et-Tobago.

Age of Union : Pouvez-vous nous dire ce qui vous a amenée à vous impliquer au sein de Nature Seekers et ce qui vous a donné envie de travailler au profit des tortues luths? 

Chelsea Harripaul : Mon parcours a commencé ici, et je dois dire que c’était le destin. Ce n’était pas une simple coïncidence. J’ai fait mes études dans le domaine de la gestion du tourisme international. J’ai obtenu ma licence il y a quelques années et, après avoir travaillé dans plusieurs entreprises et organisations, j’ai entendu parler d’un programme du ministère qui sélectionnait des personnes pour les placer dans des organisations à but non lucratif (ONG).

J’avais des souvenirs. J’avais entendu parler de Nature Seekers, mais je ne savais pas à quoi m’attendre. Lorsque je suis arrivée, les choses ont commencé lentement, puis la saison de nidification s’est déclenchée et je me suis dit : « Oh mon Dieu ». Les choses se sont mises à bouger et j’ai vraiment compris l’importance des données et de la science dans le domaine de la conservation. Mon travail me permet de rencontrer beaucoup de visiteurs et de personnes venant de pays étrangers et j’adore cette partie de mon travail. J’aime avoir affaire aux gens.

Avant de rejoindre Nature Seekers, que saviez-vous des tortues luths et de la conservation? 

J’ai grandi assez près des sites de nidification et des zones de pêche. Je vis à environ 15 minutes des sites de nidification et j’ai des souvenirs d’excursions au large de la côte ou à l’extrémité de Matura et des ponts avec des pêcheurs. Je me souviens d’avoir vu, petite, des tortues luths et des bébés qui venaient d’éclore. Mais ce n’était que mon interaction : cette expérience touristique. Depuis, j’ai appris qu’il s’agit davantage d’une question de conservation, de protection des espèces. C’est plus qu’une simple excursion, plus qu’une simple sortie en famille. Chacun joue un rôle dans la protection et la conservation de l’environnement. Lorsqu’on en fait l’expérience et qu’on se dit : « Ce que je fais ici va avoir une incidence sur l’ensemble de l’espèce, sur quelque chose de bien plus grand », c’est incroyable. Chaque fois, c’est comme la première fois.

Quand avez-vous effectué votre première patrouille?

C’était au début de la saison 2022. Je voulais simplement voir ce que Nature Seekers faisait. En un rien de temps, j’étais prête à en apprendre plus sur les tortues, à m’impliquer. Ce qu’ils font est une source d’inspiration. Chaque patrouille, chaque garde forestier, chaque guide et chaque personne a sa propre façon de faire les choses. Les méthodes sont standardisées, bien entendu, mais chaque personne révèle une histoire fascinante. Leur parcours et les raisons qui ont amené tous ces gens à faire partie de l’organisation sont en soi une source d’inspiration.

Chelsea Harripaul (à gauche) et Rhema Lakhan-Baptiste (à droite) à la plage de Balandra, sur l’île de la Trinité.

Qu’est-ce que cela fait de travailler aussi étroitement avec l’équipe et Susan?

Je pense que notre collaboration était vraiment prédestinée. Cela peut paraître ringard, mais nous avons une dynamique formidable. Si certaines personnalités semblent introverties, une autre, plus introvertie, peut venir les compléter. Nous travaillons très bien ensemble, nous complétons nos compétences respectives, et c’est ce qui me motive. Quand on a ce soutien, on se passionne pour ce qu’on fait. Je ne suis pas une personne matinale, mais ce qui me fait me lever le matin, c’est de savoir que je vais rejoindre ce groupe de personnes en sachant que je serai bien traitée. C’est pourquoi je pense que la communauté est si importante, parce que nous nous soutenons les uns les autres. Personne n’hésite à dire : « Je suis fier de toi » ou « Tu fais du bon travail ». Notre travail peut parfois nous donner la satisfaction de terminer un projet, de voir les résultats de tout ce qui a été fait et de nous sentir bien. Mais ici, nous bénéficions d’un système de soutien prêt à valider nos efforts.

Comment ce sentiment se reflète-t-il dans l’ensemble de la communauté trinidadienne?

C’est le cas, car nous avons des touristes et des visiteurs qui viennent découvrir notre cuisine, notre culture et notre peuple. La plupart d’entre eux, sinon tous, repartent en disant : « Nous ne nous attendions pas à cela ». Parce que c’est un membre de la communauté locale qui cuisine avec vous et que vous avez le sentiment d’être à la maison. Si les gens nous disent qu’ils ressentent cette atmosphère familiale ou communautaire, c’est que nous faisons bien les choses.

Hier, vous avez fêté votre 27e anniversaire. Comment vous sentez-vous en tant que jeune personne jouant un rôle aussi important dans un enjeu de conservation majeur? Que pensez-vous du rôle des jeunes dans la conservation?

Je pense que cela n’aurait pas été possible sans les personnes qui nous ont précédés. Avoir une leader comme Susan pour ouvrir la voie, c’est ce qui nous motive. Cela ne fait que confirmer l’importance de la passion dans ce domaine. Il est parfois surréaliste de penser que quelque chose que nous estimons minime a un impact aussi important. On comprend que c’est un effet de ruissellement qui fait son chemin. Il faut savoir reconnaître la valeur d’une personne qui intègre l’organisation ou le monde de la conservation et mettre ces éléments à profit. Il faut éduquer les gens et les mettre à l’aise.

Comment envisagez-vous de transmettre cette passion?

C’est énorme, c’est certain. J’essaie parfois de ne pas y penser. Mais je suis flattée, bien sûr. Beaucoup de jeunes femmes arrivent dans le secteur de la conservation et ont des compétences très variées. On voit tellement de potentiel; on veut juste le cultiver et tirer le meilleur d’elles-mêmes. Certaines filles de notre équipe sont, selon moi, très douées en matière de compétences interpersonnelles — il leur faut simplement du temps. Elles ont surtout besoin de quelqu’un qui les accompagne et leur dit : « Hé, tu peux faire comme ceci. Peut-être même comme cela ». J’attends avec impatience toutes les occasions de les aider à mieux gagner leur vie. Cette démarche s’inscrit dans une logique d’autonomisation et de bienfaisance. D’autres femmes commencent à se dire : « Elle le fait, alors peut-être que je peux le faire. C’est possible pour moi aussi ». La réussite d’un tel projet permet de croire en soi. Je pense que cela se répand comme une traînée de poudre. Les femmes voient qu’elles ne sont pas impuissantes. Nous pouvons en fait accomplir tant de choses. Il n’y a pas de limite.

Pouvez-vous décrire votre relation avec Susan?

Je ne veux pas la comparer à quoi que ce soit d’autre, mais elle me fait presque l’effet d’une sœur. Elle est un véritable mentor et nous avons traversé beaucoup d’épreuves ensemble. On se confie facilement à elle. Je me reconnais beaucoup en elle, elle se reconnaît beaucoup en moi et nous avons beaucoup de convictions communes. Si nous voulons que quelque chose soit fait, nous le faisons nous-mêmes. Je vois qu’elle est aussi une fonceuse.

Parlez-nous du projet dont vous êtes le plus fière.

Nous avons organisé un programme d’été avec l’université de l’Illinois, pour lequel un groupe d’étudiants devait trouver des idées pour atteindre un objectif précis. Ils venaient sur l’île une fois par semaine et nous avons eu beaucoup de plaisir à les accueillir et à voir leurs idées se concrétiser. Le fait qu’ils soient témoins de ce que nous faisons ici et de la manière dont ils ont contribué à notre organisation a été extraordinaire. Ils ont passé un très bon moment ici et ont apporté une aide précieuse à nos efforts de sensibilisation. Ce projet a eu une portée inouïe.

Quelles sont les lacunes éducatives concernant la tortue luth et la conservation à la Trinité? Comment pouvez-vous les pallier? 

Ici, on pense que le tourisme dépend du carnaval ou du tourisme de masse; les gens ne sont pas conscients qu’il existe d’autres possibilités. L’écotourisme est une industrie en plein essor qui est durable pour l’environnement et qui peut être réalisée d’une manière durable.

En ce qui concerne la sensibilisation aux tortues luths, je pense que c’est seulement pendant la saison de nidification que nous incitons les gens à en apprendre beaucoup sur celles-ci. Ils voient une occasion de participer à l’écotourisme, à faire une excursion : ils viennent à Matura, nous rencontrent et découvrent ce qui se passe. Les écoles communiquent également avec nous pour nous demander d’organiser des visites éducatives, mais elles le font principalement pendant la saison de nidification. Je pense que nous pouvons tirer parti de ces occasions en dehors de la saison de nidification en expliquant au public que même si les tortues luths se nourrissent ailleurs, nous nous préparons à ce qu’elles reviennent nicher l’an prochain et que le travail effectué en dehors de la saison revêt la même importance.

Quels sont vos espoirs pour la communauté et la nature?

Mon espoir pour moi-même et pour l’organisation est d’atteindre un niveau qui nous permettra de réaliser nos objectifs et de devenir une source d’inspiration. Lorsque Nature Seekers a été créé en 1990, la priorité était de protéger et la notion de «conservation» est apparue comme un sous-produit. Le braconnage était très répandu à l’époque et constituait le défi principal à surmonter. Nous avons heureusement laissé le braconnage derrière nous, mais il y a tellement de nouveaux défis à relever, comme les prises accessoires. J’aimerais beaucoup que nous devenions des acteurs du changement dans ce domaine, tant au niveau national qu’international.

Cet entretien a été révisé et condensé afin d’en améliorer la lisibilité.

«On the Frontline» est la nouvelle série de courts métrages documentaires d’Age of Union consacrés aux acteurs du changement qui protègent les espèces et les écosystèmes cruciaux de notre planète dans le cadre de nos dix projets de conservation mondiaux. Découvrez le travail de Nature Seekers en faveur de la protection des tortues luths sur l’île de la Trinité en visionnant notre plus récent épisode sur YouTube.

Crédits

Sarah El Gharib

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