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Au cœur de la lutte pour protéger les pêcheurs artisanaux et la biodiversité marine de la Gambie contre la pêche industrialisée

Article

En 2021, l’organisation Sea Shepherd Global s’est associée à Age of Union pour exploiter le M/Y Age of Union, un navire de 56 mètres qui patrouille dans les eaux au large de l’Afrique de l’Ouest. Sea Shepherd Global mène plusieurs missions à bord de ce patrouilleur pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et dénoncer les pratiques de pêche légales nuisibles qui contribuent aux prises accessoires et à la surpêche. Chaque mission du M/Y Age of Union s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large, comme l’opération Gambian Coastal Defense en Gambie.

Auteur

Mariette Raina

Sujets

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Une bataille décisive se joue dans les eaux gambiennes : les pêcheurs artisanaux luttent pour protéger leurs moyens de subsistance contre les flottes de pêche industrielle qui, pour la plupart, sont exploitées par des non-Gambiens et épuisent les stocks de poissons par des méthodes illégales et destructrices. Selon le ministère gambien des Pêches et des Ressources en eau (MoFWR), plus de 300000 Gambiens dépendent de la pêche pour leur apport quotidien en protéines. LINN représente donc une menace grave pour les communautés côtières et la biodiversité marine du pays.

Face à cet enjeu, lopération Gambian Coastal Defense, une initiative conjointe du gouvernement gambien et de Sea Shepherd Global, partenaire dAge of Union, intensifie les patrouilles pour protéger les eaux légalement réservées aux petits pêcheurs.

La pêche industrielle met en danger les petits pêcheurs de la Gambie

«Les pratiques abusives de certains acteurs de lindustrie de la pêche nuisent à lenvironnement et compromettent les moyens de subsistance de la population, explique Samira Daoud, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale dAmnistie internationale. Les autorités gambiennes doivent prendre durgence toutes les mesures nécessaires pour obliger ces acteurs à répondre de leurs actes et protéger les droits humains, économiques et sociaux des collectivités touchées.»

La pêche artisanale est une pierre angulaire de la vie côtière gambienne, assurant des revenus à dinnombrables familles et fournissant de la nourriture aux marchés locaux et mondiaux. Les femmes jouent un rôle particulièrement important dans la transformation des produits de la mer, gage de la durabilité et de lincidence économique de ce secteur. Selon le Cadre intégré renforcé (CIR), «le Gambien moyen mange environ 29 kilogrammes de poisson par an, ce qui dépasse les 20 kilogrammes correspondant à la moyenne mondiale.»

Contrairement aux opérations industrielles, la pêche artisanale ou pêche à petite échelle repose sur des méthodes écologiquement durables qui respectent l’écosystème au moyen de bateaux plus petits, d’engins moins sophistiqués, de trajets plus courts et de prises modestes.Cependant, les chalutiers industriels et leurs filets massifs et technologies de pointe envahissent de plus en plus les eaux protégées. Ces empiètements ont entraîné un épuisement grave des stocks de poissons locaux, des dommages environnementaux généralisés et la perturbation d’écosystèmes marins fragiles, menaçant ainsi des espèces essentielles à la biodiversité.

Face au déclin des populations de poissons, les pêcheurs artisanaux sont contraints de s’éloigner davantage des côtes, ce qui augmente leurs frais de carburant, leur charge financière et les risques pour leur sécurité personnelle. «La diminution des stocks de poissons dans lAtlantique oblige les pêcheurs artisanaux à aller très loin pour pêcher, déclare linspecteur des pêches de Sea Shepherd, Sao Tomé. Aujourdhui, nous avons croisé de petits bateaux et les pêcheurs mont dit quils doivent maintenant parcourir entre 50 à 70 kilomètres rien que pour trouver du poisson. Ils rentrent parfois chez eux les mains vides.»

Le bilan environnemental est tout aussi dévastateur. La pêche industrielle non durable détruit les habitats et met en danger dinnombrables espèces, prévient Greenpeace. La surpêche et les prises accessoires tuent environ 28500 tonnes danimaux marins chaque année.  La surpêche appauvrit les espèces clés à un rythme plus rapide encore que leur capacité de repeuplement.

Les prises accessoires, cest-à-dire la capture involontaire de tortues de mer, de requins, de dauphins et de poissons juvéniles, restent un problème majeur, puisque nombre dentre elles sont rejetées à la mer, souvent mortes. Les équipements de chalutage lourds détruisent également les récifs coralliens et les herbiers marins, déstabilisant davantage les écosystèmes marins.

 

L’opération Gambian Coastal Defense contre-attaque contre la pêche illégale

Le 8 mars 2024, des unités armées de la marine gambienne déployées depuis le patrouilleur M/Y Age of Union ont arrêté huit chalutiers industriels. Les autorités ont accusé les navires de pêcher dans des eaux protégées, d’opérer sans permis valide, d’utiliser des filets à mailles trop petites et de déclarer incorrectement leurs prises.

La marine gambienne et Sea Shepherd patrouillent régulièrement dans une zone de gestion cible de neuf milles marins à bord du M/Y Age of Union, interceptant les chalutiers qui enfreignent les lois de conservation. Depuis leur partenariat avec lorganisation en 2019, les autorités gambiennes ont arrêté un certain nombre de navires pour des infractions en matière de pêche, ce qui a entraîné des amendes, des saisies de navires et une diminution des incursions illégales.

«Le succès de ces arrestations atteste de limportance de ce partenariat, indique Sea Shepherd Global. Notre collaboration avec le gouvernement gambien souligne à quel point il est primordial de protéger les ressources marines et de soutenir les communautés qui en dépendent.»

Nous avons fait des progrès, mais le combat n’est pas terminé

Malgré une application plus stricte de la loi, les flottes illégales continuent de trouver des moyens d’opérer, utilisant souvent des tactiques d’évasion pour éviter les patrouilles. Les arrestations ne suffisent pas à elles seules : il est urgent de renforcer les lois sur les licences, d’améliorer les technologies de surveillance et d’alourdir les sanctions pour les récidivistes. « La Gambie a imposé des exigences en matière de taille des mailles pour permettre aux poissons trop petits et aux alevins de s’échapper, ce qui contribue à la conservation des populations de poissons et à la lutte contre la surpêche », explique Sergio Carlos, capitaine du M/Y Age of Union.

Cependant, la portée à long terme de ces mesures d’application de la loi est encore à déterminer. Les autorités font état d’une diminution du nombre de chalutiers opérant dans les zones réglementées, mais des efforts continus sont essentiels. Des patrouilles permanentes, l’application de la loi, l’engagement des communautés locales et des opérations conjointes avec la marine restent essentiels pour protéger les ressources marines du pays et préserver les moyens de subsistance des populations côtières.

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Article écrit par
Mariette Raina

Mariette Raina writes articles discussing environmental, spiritual and artistic subjects. Mariette has a Master's degree in Anthropological studies and vast experience within the Fine Arts field. She has contributed to numerous projects for Dax Dasilva since 2016. She is currently Conservation Director at Age of Union.

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